dimanche 3 janvier 2010

J'ai vu... Les chats persans

J’ai vu Les chats persans de Bahman Ghobadi. Ce dernier est le cinquième long-métrage du cinéaste iranien qui se bat depuis une dizaine d'années pour faire exister ses projets. Les chats persans a été tourné pendant 17 jours, en cachette, sans autorisation dans les rues de Téhéran.

A leur sortie de prison, Negar et Ashkan, deux jeunes musiciens iraniens, décident de monter un groupe underground. Lassés de ne pouvoir s’exprimer librement dans leur pays, ils tentent de se procurer clandestinement des papiers pour rejoindre Londres ou Paris. Ils font la rencontre de Hamed (un agent musical haut en couleur) qui les accompagne dans leurs démarches, et parcourent avec lui Téhéran à la rencontre d’autres musiciens, essayant de les convaincre de quitter le pays avec eux et de monter un grand concert clandestin pour financer leur fuite.

Le film se faufile dans les rues de Téhéran et nous amène dans les recoins de la ville où les jeunes se cachent pour jouer une musique considérée comme un crime. Les artistes vivent en effet clandestinement et expriment leur art dans les endroits les plus improbables : dans une étable au milieu des vaches, dans les tréfonds d’un immeuble semi-abandonné, dans une cabane de fortune sur les toits (où les parents coupent le courant pour éviter que les flics ne débarquent) ou encore dans des caves à la lueur de bougies!

Il se dégage de ce film une incroyable soif d'expression et de liberté. La musique devient le dernier espoir face à un Etat qui réprimande et brime les individus et leur créativité. Il faut quand même savoir que l’on peut être arrêté et aller en prison au minimum 2 mois simplement pour avoir joué de la musique !!

Hymne au monde underground, le film nous plonge dans des univers musicaux qui nous bercent et nous interpellent. Negar, Ashkan et Hamed le guide, se lancent dans une quête impossible et croiseront au cours de leurs aventures des artistes obligés de se cacher pour faire de la musique. Par moment le film prend des allures de clip à la gloire des différents genres musicaux qui grouillent dans les murs de Téhéran. On assiste alors à un diaporama géant sur fond musical qui dépeint Téhéran et ses habitants, dans un pays où pour les autorités la musique n'est que du bruit. L’énergie des personnages et les effets artistiques du réalisateur contribuent à alimenter l'angoisse palpable tout au long du film, d'être découvert par les autorités.

Le véritable héros du film, c’est la musique elle-même, entrainante et dépaysante, elle nous transporte loin, très loin... Les chats persans est un beau film contre l'oppression, un hymne à l’Art qui doit se cacher pour exister.

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