
Jesse James fut l'une des premières superstars américaines. On a écrit d'innombrables livres et récits sur le plus célèbre hors-la-loi des Etats-Unis. Fascinants et hauts en couleur, ceux-ci se focalisent le plus souvent sur son image publique et ses exploits... avec un souci tout relatif de la vérité. La presse, qui suivit avec passion ses braquages tout au long des années 1870, jetait par contre sur lui et sa bande un regard des plus admiratifs.
Robert Ford était l'un des plus ardents admirateurs de Jesse. Ce jeune homme idéaliste et ambitieux rêvait depuis longtemps de partager les aventures de son idole. Il était loin de prévoir qu'il entrerait dans l'Histoire comme « le sale petit lâche » qui tuerait Jesse James dans le dos. Robert Ford, entré à 19 ans dans le cercle des intimes de Jesse, réussit à abattre chez lui l'homme que poursuivaient les polices de dix Etats.
Pour moi, «L’assassinat de Jesse James...» est tout simplement sublime. Tout d'abord parce qu' Andrew Dominik a su donner à son film une atmosphère propre, qui l'éloigne des stéréotypes du genre ; la mise en scène, la photographie, la musique, la voix-off et le rythme contribuent à instaurer une atmosphère littéralement envoûtante (cf. la séquence de l'attaque du train, où on voit Jessie James montait sur le barrage, puis l'obscurité, puis la lumière du train qui transperce la nuit...trop beau - j'adore). Le traitement de l'image, avec ses ralentis, est d'une rare beauté. Andrew Dominik a su cerner avec judiciosité les méandres de l'admiration.
«L'Assassinat de Jesse James...» évoque à la fois la relation ambigüe de deux personnes, la dureté d'un monde où la loi du plus fort fait encore rage et enfin le travail de la légende qui déforme la réalité et réécrit l'Histoire. C'est peut-être long et lent, mais tout se remet en place dans la dernière partie et s'achève par un dénouement implacable. Le film est une réflexion sur la liberté, et ses contraintes, la liberté de choisir sa vie au détriment de son confort, la liberté de choisir sa mort. Mais aussi une réflexion sur la quête de gloire, et une analyse magnifique de la paranoïa du personnage.

En dépit de quelques longueurs superflues, «L’assassinat de Jesse James...» est un western poétique, âpre, mélancolique et fascinant.

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